Des étudiants mettent au point un outil pour démythifier la douance

MONTRÉAL — La douance n’est pas un phénomène nouveau, mais peu d’études existent à son sujet. Parce qu’elle est la cible de plusieurs idées préconçues, une équipe d’étudiants-chercheurs a mis au point un outil qui permettra à ceux qui l’utilisent de remettre les pendules à l’heure.

La douance se caractérise par une capacité, chez l’enfant, à se développer plus rapidement que ses pairs du même âge au niveau cognitif.

Dans le cas de la douance intellectuelle, «l’enfant est très curieux, il a une capacité à retenir plus de choses que la moyenne des enfants, et s’est développé plus rapidement, notamment au niveau du langage», explique Mathieu Pilon, professeur au Département de psychologie de la Faculté des lettres et des sciences humaines de l’Université de Sherbrooke, qui a chapeauté la création de la plateforme interactive nommée «Vérité ou Quoi? – Douance».

Celle-ci a bénéficié de l’apport de plus de 50 partenaires, dont l’ACFAS, DouanceScience, l’Association québécoise pour la douance (AQD) et des Fonds de recherche du Québec (FRQ), entre autres. L’initiative a de plus été demi-finaliste au concours interuniversitaire Forces Avenir 2023.

La douance n’est pas un problème en soi, bien au contraire. Il arrive cependant que l’enfant doué développe certains problèmes comportementaux lorsqu’il se retrouve dans un environnement où il n’est pas suffisamment stimulé, et ce, par ennui.

«Ça concerne une infime proportion d’enfants», note toutefois le professeur Pilon, également neurologue et psychologue.

Le projet «Vérité ou Quoi? – Douance» vise à déboulonner certains mythes tenaces envers la douance, qui toucherait entre 2 % et 10 % de la population, dépendamment des études et des critères pour l’identifier.

«La douance demeure un concept abstrait et beaucoup de mythes circulent à son sujet sur les réseaux sociaux, d’où l’idée d’une de mes étudiantes de créer la plateforme», indique le professeur.

Cette étudiante, Juliette François-Sévigny, observe «un retard considérable dans la reconnaissance des personnes douées et dans la réponse à leurs besoins particuliers», notamment parce que la douance a longtemps été «associée à l’élitisme», peut-on lire dans une publication de l’Université de Sherbrooke. 

Une de ces idées préconçues veut que la prévalence de l’anxiété, de la dépression ou des problèmes d’estime de soi soit plus grande chez les personnes douées que dans le reste de la population. «Les études démontrent qu’il n’y a pas de lien entre la douance et le reste, qu’il n’y a pas de surreprésentation des personnes douées», explique le professeur.

Il est aussi faux que les élèves doués ont tous une facilité d’apprentissage à l’école ou qu’ils sont tous hypersensibles.

En somme, l’un des préjugés les plus fréquents sur la douance est de croire que les doués présentent tous les mêmes comportements ou qu’une caractéristique observée chez une personne douée va indubitablement se retrouver chez toutes les autres, indique M. Pilon.