Le retour au bureau miné par un sentiment d’insécurité et l’accessibilité

MONTRÉAL — Si le nombre d’employés de retour au bureau en présentiel continue d’augmenter, leur sentiment d’insécurité au centre-ville de Montréal est aussi très présent, révèle un sondage. 

Quelque 87 % des travailleurs sont au bureau au moins un jour par semaine, selon un sondage Léger commandé par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) et publié lundi. 

Cela représente une hausse si l’on compare au 81 % des travailleurs qui venaient au bureau au moins une fois par semaine à l’automne 2022 et au 61 % à l’automne 2021. 

Pour la première fois, les personnes interrogées ont été questionnées sur leur sentiment d’insécurité au centre-ville. Elles sont 48 % à le ressentir. 

«Clairement, le centre-ville se rétablit encore des suites de la pandémie. On observe une recrudescence des enjeux sociaux liés à l’itinérance et à la crise des opioïdes et à l’émergence d’un sentiment d’insécurité au centre-ville le soir à 59 %, avec une proportion qui augmente à 64 % chez les femmes», affirme le président et chef de la direction de la CCMM, Michel Leblanc, dans un communiqué. 

Selon lui, il faut éviter un «potentiel cercle vicieux», car une baisse d’achalandage pourrait entraîner un climat insécurisant. Il indique que les gens d’affaires ont été invités à travailler avec des acteurs sur le terrain pour aider les populations vulnérables. 

Autre point chaud, l’accessibilité au centre-ville est plutôt critiquée par les travailleurs. Ils sont 53 % à en avoir une perception négative. 

Néanmoins, celle-ci varie grandement d’un groupe de population à l’autre. Les travailleurs se déplaçant en transport en commun ont davantage une perception positive de l’accessibilité (58 %), comparativement à ceux qui utilisent la voiture (31 %). 

Les automobilistes identifient la congestion routière (99 %) et le manque et le coût des stationnements (81 %) comme ayant un impact négatif sur leurs déplacements. Les usagers du transport en commun critiquent plutôt les horaires et la fréquence de passages (92 %).

«Nous réitérons l’importance d’assurer un financement suffisant des transports en commun pour maintenir une offre de service attractive, d’autant plus qu’il s’agit d’un moyen essentiel pour atteindre nos objectifs de réduction de nos émissions de GES», avance M. Leblanc. 

Dans le même ordre d’idée, les résidants de l’île de Montréal ont une meilleure perception de l’accessibilité du centre-ville que ceux de la Rive-Nord et de la Rive-Sud. 

À noter que les principaux incitatifs qui encouragent les travailleurs à retourner au bureau sont la flexibilité sur l’horaire (55 %) et la contribution de l’employeur aux frais de transport en commun (42 %). Néanmoins, cette dernière mesure n’est mise en place que par 18 % des dirigeants. 

Au final, les travailleurs passent en moyenne trois jours au bureau par semaine. Les gestionnaires comme les travailleurs estiment d’ailleurs que le nombre de jours idéal en présentiel est de deux à trois par semaine.

La plupart des gestionnaires imposent une présence allant d’un à quatre jours par semaine au travail (56 %) et près du quart d’entre eux n’imposent aucune politique. 

Près de la moitié des dirigeants préfèrent rester prudents afin de retenir leur main-d’œuvre (42 %) et un tiers d’entre eux ne voient pas la nécessité de demander un retour au bureau. 

Note aux lecteurs: Version corrigée. Dans une version précédente, on indiquait que 61 % des travailleurs se déplaçaient au bureau au moins un jour par semaine à l’automne 2023, or il s’agissait plutôt de l’automne 2021. De plus, les données concernant l’accessibilité au centre-ville ont été supprimées par souci d’exactitude, des répondants pouvant avoir choisi de ne pas répondre à cette question, mais cette donnée n’était pas disponible. Enfin, il aurait fallu lire que les trois quarts des télétravailleurs — et non des répondants — préféreraient aller (au bureau) un jour par semaine ou moins souvent.