Mary Ellen Turpel-Lafond a été retirée de l’Ordre du Canada à sa propre demande

OTTAWA — Mary Ellen Turpel-Lafond, une avocate de renom et défenseure des droits de l’enfant impliquée dans une controverse entourant ses revendications d’ascendance autochtone, a été retirée de l’Ordre du Canada à sa propre demande.

Un avis paru samedi dans la Gazette du Canada, le journal officiel du gouvernement fédéral, indique que sa désignation a été retirée le 26 septembre à la suite de sa demande et de l’approbation de la gouverneure générale.

Une publication sur les réseaux sociaux du Collectif des femmes autochtones, qui avait demandé son retrait, affirme que «le vol des traumatismes et des identités intergénérationnelles autochtones entraîne des conséquences très réelles» et le groupe remercie la gouverneure générale d’avoir «corrigé une injustice».

Tracey Robinson, membre du collectif, a déclaré que le renvoi de Mme Turpel-Lafond envoie le message que des conséquences tangibles attendent ceux qui se livrent à l’usurpation d’identité autochtone.

Mme Turpel-Lafond a été nommée membre de l’Ordre du Canada en 2021.

Elle avait déjà restitué des diplômes de plusieurs universités de la Colombie-Britannique et de l’Ontario, tandis que les universités McGill, Carleton et de Regina ont annulé des prix qui lui avaient été décernés.

Une enquête menée par CBC à l’automne 2022, s’appuyant sur le certificat de naissance de son père, William Turpel, obtenu par le diffuseur public auprès du Bureau de l’état civil de la Colombie-Britannique, remet en question les revendications d’identité autochtone de Mme Turpel-Lafond.

L’ancienne représentante de la Colombie-Britannique pour l’enfance et la jeunesse a déclaré précédemment au radiodiffuseur public que durant son enfance, elle ne remettait pas en question la filiation biologique de son père, qui, selon elle, était Cri.

«Nous nous sentons beaucoup plus optimistes aujourd’hui qu’il y a un an», a soutenu Mme Robinson dans une entrevue, vendredi. 

«Aujourd’hui, les populations autochtones se sentent plus fortes lorsqu’elles savent qu’il existe des procédures permettant de demander une enquête, de demander des comptes et d’exiger des conséquences», a-t-elle ajouté. 

Le Collectif des femmes autochtones était conscient qu’une partie du processus, lorsque la nomination d’une personne à l’Ordre du Canada est en cours d’examen, consiste à approcher cette personne pour lui offrir la possibilité de se retirer, a dit Mme Robinson.

Elle a déclaré que la révocation de Mme Turpel-Lafond pourrait tracer la voie à suivre dans le cas de la chanteuse et activiste Buffy Sainte-Marie, après qu’une enquête de CBC a mis en doute, la semaine dernière, ses revendications d’héritage cri. La chanteuse, âgée de 82 ans, a été nommée membre de l’Ordre du Canada en 1997.

Mme Robinson a expliqué que les préjudices causés par le vol d’identité autochtone sont presque impossibles à établir.

«On peut parler de perte d’opportunités, de vol d’espace, tout cela est nuisible. Mais, cela crée aussi un peu comme un effet d’entraînement, cela crée du mal (chez les peuples autochtones) au niveau psychologique également.»

Mme Turpel-Lafond a également été directrice du Centre d’histoire et de dialogue des pensionnats autochtones de l’Université de la Colombie-Britannique, où elle a été professeure de droit titulaire jusqu’à la fin de 2022.

Dans une déclaration à La Presse Canadienne en mars, Mme Turpel-Lafond avait dit qu’elle était satisfaite de son travail passé, de son identité et de sa valeur personnelle. Mme Turpel-Lafond trouvait «libérateur» de s’être départie de ses différentes reconnaissances pour lui permettre de «se concentrer sur ce qui compte vraiment» dans sa vie.