Ottawa et le Manitoba s’allient pour un système d’alerte pour les femmes autochtones

Ottawa et le gouvernement du Manitoba s’associent pour lancer un système d’alerte qui informerait le public lors de la disparition d’une femme ou d’une fille autochtone, ont-ils annoncé vendredi à Winnipeg.

Le système d’alerte Robe rouge, tant attendu, vise à prévenir les décès et à accroître les retrouvailles en toute sécurité avec les proches.

Statistique Canada a conclu dans un rapport de l’année dernière que le taux d’homicides chez les femmes et les filles autochtones était six fois plus élevé que celui de leurs homologues non autochtones.

Une enquête nationale a déterminé il y a cinq ans qu’elles couraient 12 fois plus de risques de disparaître ou d’être tuées.

À l’approche de la Journée de la robe rouge, qui a lieu dimanche, le ministre des Relations Couronne-Autochtones, Gary Anandasangaree, a affirmé que les gouvernements gardaient à l’esprit au cœur de leurs actions celles qui ont été arrachées à leurs communautés ou tuées.

«Aujourd’hui, alors que nous annonçons ce partenariat visant à développer conjointement un système d’alerte Robe rouge avec des partenaires autochtones, nous franchissons les prochaines étapes pour ramener davantage de femmes, de filles, de personnes bispirituelles et de diverses identités de genre autochtones à la maison», a-t-il affirmé.

Le projet pilote du Manitoba doit être conçu et dirigé par les peuples autochtones et devrait contribuer à éclairer un éventuel système d’alerte national.

Il sera financé grâce aux fonds réservés dans les budgets fédéral et provincial de cette année.

Nahanni Fontaine, ministre des Familles du Manitoba, a dit avoir entendu de la part de membres de la communauté que le système d’alerte pourrait contribuer à réduire les risques pour les femmes et les filles autochtones.

«Nous sommes impatients de travailler de manière inclusive avec les partenaires autochtones du Manitoba pour trouver la meilleure voie à suivre alors que nous construisons ce projet pilote.»

La députée néo-démocrate fédérale Leah Gazan, dont les efforts dans ce dossier ont conduit un comité de la Chambre des communes à étudier la possibilité d’un système d’alerte national, a qualifié cette annonce de petit pas, mais significatif.

Les collègues députés de Mme Gazan ont appuyé à l’unanimité sa motion à la Chambre des communes l’année dernière, déclarant les décès et les disparitions de femmes et de filles autochtones comme une urgence à l’échelle du Canada.

La motion demandait également au gouvernement fédéral de financer un nouveau système d’alerte similaire aux alertes Amber.

D’autres juridictions nord-américaines disposent déjà de systèmes d’alerte similaires, notamment le système des personnes autochtones disparues de l’État de Washington.

Le rapport final de l’enquête nationale de 2019 a révélé que les violations délibérées des droits étaient au cœur de la violence contre les femmes, les filles et les personnes de divers genres autochtones.

Le rapport final a donné lieu à 231 appels à la justice adressés aux gouvernements, aux prestataires de services sociaux, à l’industrie et aux Canadiens, mais relativement peu de progrès ont été réalisés jusqu’à présent.