Reprendre la routine du dodo pour être en forme à la rentrée

MONTRÉAL — La rentrée scolaire approchant à grands pas, il est temps pour plusieurs parents de réinstaurer la routine du dodo auprès de leurs enfants. Comme le soleil, ceux-ci devront désormais se coucher un peu plus tôt afin d’être en forme à leur retour sur les bancs d’école.

Selon son âge, un enfant d’âge scolaire a besoin de dormir entre 9 et 13h par nuit , indique Karine Trudel, intervenante familiale et coach parental.

«C’est important de s’assurer que les enfants aient suffisamment de sommeil pour pouvoir intégrer l’information, la trier, continuer de grandir et nourrir son corps», note la spécialiste.

Un sondage réalisé à la fin juillet par Léger pour Dormez-vous auprès de 2002 parents canadiens d’écoliers, dont 490 au Québec, indique qu’une majorité croient que leurs enfants dorment suffisamment. Ce sentiment est supérieur au Québec (82 %) que la moyenne nationale (77 %).

Des effets sur la santé et l’humeur

Selon l’Association canadienne pour la santé mentale,  un sommeil insuffisant peut entraîner de l’irritabilité, une mauvaise humeur et un manque d’énergie, autant de facteurs qui peuvent nuire aux résultats scolaires d’un enfant.

Et au contraire, selon le sondage, les parents constatent qu’une bonne nuit de sommeil permet à leurs enfant d’être de bonne humeur au réveil (68 %), d’être davantage concentrés à l’école (71 %), d’être moins en proie au stress ou à l’anxiété (60 %) et d’avoir de meilleurs résultats scolaires (59 %).

«Après une bonne nuit de sommeil, l’enfant va être davantage concentré. Il va avoir un meilleur comportement, il va moins bâiller, être moins amorphe et plus alerte», souligne Geneviève Fecteau, directrice générale de la Division du Québec de l’ACSM.

Les effets d’une bonne hygiène de sommeil sont aussi observables à plus long terme, ajoute Mme Fecteau. «Ça favorise le développement de l’enfant à long terme, ça protège sa santé mentale, énumère-t-elle. Il a un cerveau en plein essor, en plein développement, qui stimule beaucoup d’imaginaire et qui fait beaucoup de découvertes, ça peut mener à de l’anxiété. Le sommeil, la nuit, aide à gérer tout ça.»

Des conditions gagnantes 

Selon Karine Trudel, préparer son enfant à reprendre la routine du dodo doit se faire graduellement. Il est donc recommandé de commencer dès maintenant, si ce n’est pas fait, à rapprocher l’horaire de sommeil de l’enfant à celui qu’il aura lorsqu’il retournera à l’école.

«On le sait avec le soleil qui se couche plus tard, l’endormissement arrive plus tard. Important de revenir graduellement avec un horaire qui soit plus régulier», dit-elle.

L’éducatrice spécialisée Marie-Claude Armstrong suggère de s’y prendre plusieurs semaines à l’avance pour réintégrer la routine. Idéalement, elle conseille même de ne pas bouleverser les habitudes de sommeil de son enfant durant les vacances, de manière à assurer une certaine stabilité.

«Il faudrait, chaque jour, devancer de quelques minutes l’heure du coucher, jusqu’à ce qu’on arrive à l’heure souhaitée, indique-t-elle. Ça rend la transition plus en douceur et c’est plus facile pour les enfants.»

«Si on commence à ramener la routine la veille de la rentrée scolaire, c’est sûr que l’enfant va s’endormir à minuit parce qu’il a pris l’habitude de se coucher tard», renchérit-elle.

Le mot d’ordre: constance. «C’est essentiel de garder la même routine, de ne pas la laisser tomber à la moindre occasion, ça va aider l’enfant», relève Mme Armstrong.

Pour mettre toutes les chances de leur côté, les parents gagneraient à expliquer à leur enfant quelle importance revêt un sommeil de qualité dans notre quotidien. «De leur expliquer qu’est-ce qui se passe dans notre cerveau et dans notre corps pendant qu’on dort va leur permettre de comprendre pourquoi ils doivent dormir», illustre Mme Trudel.

Il faut également créer un environnement propice à l’endormissement, souligne Mme Trudel. «Si on n’a pas de rideaux aux fenêtres, c’est sûr que vers 19h30 le soir, notre enfant va avoir du mal à trouver le sommeil. L’endormissement vient avec la pénombre, qui permet dans notre corps secréter la mélatonine, qui elle va provoquer l’endormissement», résume-t-elle.

Elle recommande donc l’aménagement d’une chambre sombre, fraîche et calme, de même qu’une routine régulière et relaxante, des mesures mises en place par respectivement 49 % et 43 % des répondants du sondage. Limiter l’utilisation des écrans, avant l’heure du coucher, est aussi recommandé.

«C’est important de garder une routine stable, pour que l’enfant puisse voir venir les différentes étapes qui vont le mener au lit, explique Mme Trudel. Si l’heure du dodo est désorganisée, ça pourrait créer de l’anxiété pour certains enfants et nuire à leur endormissement.»

D’ailleurs, certains enfants lutteront contre le sommeil qui les gagne; pour s’assurer qu’ils tombent dans les bras de Morphée, il faudra peut-être leur apprendre à se laisser aller, à accueillir l’endormissement.

«Ils doivent apprendre que le corps doit d’abord se détendre, accueillir l’endormissement et non pas se battre contre lui, indique Mme Trudel. On peut enregistrer une séance de détente pour permettre à notre enfant à accueillir l’endormissement et lui faire jouer au moment de se coucher.»

Note aux lecteurs: Dans une version précédente, La Presse Canadienne rapportait erronément que le corps humain secrétait de la sérotonine pour favoriser le sommeil. Dans les faits, il s’agit de la mélatonine.