2023: le développement se poursuit chez le CH, mais les résultats ne changent pas

MONTRÉAL — L’année 2023 a marqué la fin de la première saison complète du trio Gorton-Hughes-St-Louis à la tête du Canadien de Montréal.

Ce trio continue de bénéficier de la faveur des partisans montréalais, qui font preuve d’une patience inimaginable à une époque pas si lointaine.

La direction du Canadien et son personnel d’entraîneurs continuent de mettre l’accent sur le développement, mais pendant ce temps, les résultats ne progressent que peu, ou pas.

Dans une entrevue accordée à RDS vers la fin novembre, Gorton a d’ailleurs parlé d’un «fossé entre les améliorations constatées dans le jeu de nos jeunes joueurs et les résultats qui demeurent le critère d’évaluation numéro un des partisans».

Juraj Slafkovsky a démontré une progression au niveau de sa lecture du jeu et de l’utilisation de son physique depuis le début de la saison, bien que cela ne se soit pas nécessairement transposé dans la colonne des points.

Kirby Dach et Alex Newhook, acquis cet été de l’Avalanche du Colorado, pourraient devenir deux pièces importantes à l’attaque en complément à Nick Suzuki et Cole Caufield. Ils devront toutefois demeurer en santé.

Le noyau en défensive est jeune et prometteur. Et la banque d’espoirs va au-delà de ce que l’on voit à Montréal. Logan Mailloux a connu un bon camp avant de connaître un début de saison en dents de scie avec le Rocket de Laval. Lane Hutson continue de briller dans les rangs universitaires américains, tandis que le choix de premier tour du Tricolore en juin, David Reinbacher, poursuit son apprentissage en Suisse.

Questionné sur la progression de son club tôt en décembre, le directeur général Kent Hughes n’a pas tenté d’embellir les choses.

«Il y a des moments ou des périodes où les choses ont bien été, et d’autres non, avait-il dit. C’est la nature du processus dans lequel nous nous retrouvons.

«Nous avons vu des joueurs excéder les attentes. Il y en a d’autres de qui nous en voulons plus. Nous n’avons joué que 20 matchs. Il sera plus facile d’évaluer la saison quand elle sera finie», a ajouté Hughes.

L’entraîneur-chef Martin St-Louis a d’ailleurs souligné une qualité clé de son directeur général après le dernier entraînement de l’équipe à Montréal cette année.

«Il essaie toujours de prendre des décisions rationnelles et non émotionnelles», a-t-il dit.

Une situation qui fait jaser

Le grand débat concernant l’identité du gardien partant du Canadien a repris cet automne avec un intérêt qui n’avait probablement pas été aussi élevé depuis la question Price ou Halak en 2010.

Le ménage à trois entre Samuel Montembeault, Jake Allen et Cayden Primeau a fait couler de l’encre, et avec raison. Le lendemain de l’annonce qu’une prolongation de contrat de trois saisons avait été accordée à Montembeault, le gardien partant du Tricolore était… Allen. Ce dernier en était alors à son 10e départ de la saison, contre neuf pour Montembeault et cinq pour Primeau.

Hughes avait pourtant souligné que Montembeault faisait partie des meilleurs gardiens du circuit pour le taux d’efficacité à 5-contre-5.

Difficile de ne pas se demander si la séquence de 20 matchs consécutifs avec un gardien partant différent n’était pas liée à l’indifférence de la direction par rapport aux résultats. Sinon, pourquoi Montembeault n’a-t-il pas obtenu plus de départs durant le premier quart de la saison?

Bizarrement d’ailleurs, la situation a vite changé par la suite. Montembeault a obtenu cinq des neuf départs suivants, tandis qu’Allen et Primeau ont chacun eu leur tour deux fois.

Un triste anniversaire

L’année 2023 a aussi marqué le 30e anniversaire du dernier championnat de la coupe Stanley par le Canadien — et par une équipe canadienne. 

Les anciens du Canadien ont eu droit à une soirée hommage privée en novembre au Centre Bell, conjuguée à une célébration de la carrière du docteur David Mulder. S’ils ont dit être heureux de se retrouver après toutes ces années, ils ont aussi parlé d’un «triste anniversaire» pour les partisans.

«En 2003, on me posait la question et on trouvait déjà que 10 ans, c’était long», a rappelé le capitaine de l’édition 1993, Guy Carbonneau.

«Au début, c’était un velours d’être le dernier capitaine à avoir gagné. Là, je trouve ça long, a-t-il ajouté. Et pas juste à Montréal, à travers tout le Canada. C’est plus difficile à comprendre.»

L’expansion de la LNH et l’ajout du plafond salarial sont deux facteurs qui peuvent avoir miné les chances des équipes canadiennes, selon les anciens. La pression de devoir gagner rapidement peut aussi mener la direction d’une équipe à prendre des décisions moins réfléchies.

La direction actuelle du Canadien semble cependant moins encline à tomber dans ce piège.