Danielle Smith défend à Ottawa ses politiques sur l’identité de genre

OTTAWA — La première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, a défendu lundi sa nouvelle série de politiques concernant les jeunes transgenres dans sa province contre les accusations des libéraux fédéraux selon lesquelles elle prône un programme «anti-LGBTQ».

Mme Smith était à Ottawa lundi après avoir annoncé la semaine dernière que son gouvernement du Parti conservateur uni interdirait les inhibiteurs de puberté et l’hormonothérapie pour les enfants de 15 ans et moins qui n’ont pas encore commencé ces traitements.

Son gouvernement prévoit aussi d’exiger que les parents donnent leur consentement pour que les enfants de 15 ans et moins portent un nom ou un pronom différent à l’école. Les adolescents âgés de 16 et 17 ans pourraient effectuer de tels changements sans autorisation, mais les écoles devraient en informer leurs parents.

Lors de l’inauguration d’un nouveau bureau de l’Alberta à Ottawa, lundi, Mme Smith a défendu ces propositions comme faisant partie de l’«approche réfléchie» qu’elle souhaite adopter en ce qui concerne les enfants qui ont des identités de genre diverses.

L’objectif, a-t-elle dit, est de garantir que les enfants soient «pleinement informés» des décisions qu’ils prennent au cas où ils pourraient les regretter plus tard dans leur vie.

Plus tôt lundi matin, le ministre libéral fédéral de l’Emploi, Randy Boissonnault, a indiqué qu’il avait demandé une rencontre avec Mme Smith pour discuter des changements proposés.

M. Boissonnault, qui est ouvertement gai et le seul ministre libéral en provenance de l’Alberta, estime que la première ministre impose des mesures «draconiennes» à certains des jeunes les plus vulnérables de la province.

Après quelques échanges entre leurs bureaux respectifs — et une tempête de neige dans le Canada atlantique qui a retardé le ministre des Affaires intergouvernementales, Dominic LeBlanc — M. Boissonnault est intervenu et a rencontré la première ministre, aux côtés du ministre de l’Énergie Jonathan Wilkinson.

Le projet controversé de l’Alberta de se retirer du Régime de pensions du Canada figurait parmi les questions discutées, ont indiqué les ministres libéraux.

M. Boissonnault a déclaré qu’il n’avait pas obtenu l’assurance que Mme Smith avait l’intention de bouger sur les politiques proposées en matière d’identité de genre. Il a affirmé qu’il l’avait encouragée à consulter davantage de professionnels de la santé et d’enseignants avant d’aller de l’avant.

Disposition de dérogation

La capacité du gouvernement fédéral de demander un renvoi en Cour suprême sur tout recours à la disposition de dérogation par une province constitue un «outil juridique important», a souligné M. Boissonnault.

«Nous serons très attentifs au contenu du projet de loi de la première ministre Smith, qui, je l’espère, ne sera jamais soumis à l’Assemblée législative», a-t-il déclaré.

Interrogé lundi matin sur la politique de Mme Smith lors d’une conférence de presse, le chef conservateur fédéral, Pierre Poilievre, a répété sa position à ce sujet: «Laissons les parents élever leurs enfants et laissons les provinces gérer les écoles et les hôpitaux».

Il n’a pas spécifiquement abordé les propositions de Mme Smith et sa réponse intervient après que son bureau eut demandé la semaine dernière aux députés conservateurs de «s’abstenir» de faire tout commentaire sur les mesures spécifiques de l’Alberta.

À Toronto, le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a réitéré que son gouvernement n’imiterait pas l’Alberta en restreignant la disponibilité des interventions chirurgicales et des traitements pour les jeunes transgenres.

Pendant ce temps, des militants d’Ottawa organisaient en catastrophe une manifestation au centre-ville plus tard lundi en apprenant la visite de Mme Smith dans la capitale.

Mme Smith a également prononcé lundi midi à Ottawa un discours devant les membres de l’Economic Club du Canada.